Le 20 décembre 1948, il y a 77
ans aujourd’hui, naissait à Atami, la pianiste japonaise Mitsuko Uchida.
L’originalité
de Mitsuko Uchida tient à une combinaison très personnelle de rigueur
intellectuelle, de sensibilité poétique et de liberté intérieure, qui marque
profondément ses interprétations. Elle est réputée pour son respect scrupuleux
de la partition, mais sans sécheresse. Elle lit le texte avec une acuité
presque analytique, tout en laissant émerger ses ambiguïtés, ses tensions et
ses silences. Chez elle, la précision sert l’expressivité, pas l’inverse. Ses
interprétations cherchent moins l’effet que la vérité intérieure de l’œuvre.
Cela se traduit par des tempos mûrement réfléchis, parfois audacieux, une
attention extrême aux respirations et aux transitions, une impression de
musique qui “pense” en se jouant. Son toucher est reconnaissable par la transparence
des textures, le refus du pathos excessif, la palette de couleurs très fine,
souvent aérienne. Cela sert particulièrement Mozart et Schubert, dont elle est
l’une des grandes références.
Mitsuko Uchida ne se contente pas
d’interpréter, elle questionne l’œuvre, son époque, ses zones d’ombre. Cela
donne des lectures parfois dérangeantes, mais toujours profondément cohérentes.
Japonaise de naissance, formée en Europe, imprégnée de culture viennoise, elle
incarne une synthèse interculturelle rare, qui nourrit son sens de l’équilibre,
du silence et de la retenue expressive. Elle a construit sa carrière sans
dispersion, se concentrant sur Mozart (concertos et sonates), Schubert, Beethoven,
Schoenberg et la musique du XXᵉ siècle, abordée avec la même exigence humaine que le
classique.
Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto pour
piano et orchestre en ré mineur K.466
Le 19 décembre 1881, il y a 144 ans aujourd’hui, était
créé à Bruxelles, l’opéra de Jules Massenet, « Hérodiade ».
Bien que
l’opéra s’inspire du récit biblique de Salomé et de Jean-Baptiste, Massenet
s’éloigne volontairement de la dimension religieuse. Jean (Jean-Baptiste)
devient avant tout un héros lyrique et amoureux, plus qu’un prophète.L’intrigue met
l’accent sur les passions humaines (amour, jalousie, orgueil, culpabilité)
plutôt que sur le sacré.Contrairement à la Salomé de Richard
Strauss, la violence et le mysticisme sont ici atténués au profit de l’émotion
et du chant.Hérodiade est le véritable pivot
dramatique de l’opéra, bien plus que Salomé.C’est un grand
rôle de mezzo-soprano dramatique, marqué par l’orgueil, la cruauté et une
noirceur psychologique rare chez Massenet.La relation
mère-fille (ignorée par Salomé) apporte une tension tragique profondément
intime.Contrairement à l’image sulfureuse habituelle, la
Salomé de Massenet est pure, tendre et amoureuse.Elle est
traitée comme une héroïne romantique, presque naïve, ce qui est une véritable
singularité du livret.Son écriture vocale privilégie la cantabile,
la ligne et la sensualité mélodique.
Hérodiade mêle les codes du grand opéra
français (chœurs, scènes spectaculaires, décors exotiques) à la sensibilité
mélodique très personnelle de Massenet.L’orchestre est raffiné, coloré,
mais toujours au service de la voix.Les airs (« Il est doux, il est
bon », « Vision fugitive ») illustrent l’importance de la mélodie
expressive plutôt que de la virtuosité gratuite.
Créée en 1881,
Hérodiade marque un tournant vers les drames psychologiques qui feront
le succès ultérieur de Massenet (Manon, Werther).Elle annonce
son art de la peinture musicale des émotions intérieures.
Le 17 décembre 1953, il y a 72
ans aujourd’hui, était créée à Leningrad, la Symphonie n°10 de Dmitri
Chostakovitch.
La Symphonie
n°10 en mi mineur, op. 93 de Dmitri Chostakovitch (1953) est l’une
de ses œuvres les plus importantes et les plus chargées de sens, à la fois musicalement
et historiquement. Composée juste après la mort de Staline (mars 1953), elle
marque le retour de Chostakovitch à la symphonie après huit ans de silence
symphonique, dus en grande partie aux persécutions politiques. L’œuvre est
souvent interprétée comme une libération artistique et une réponse voilée à
l’oppression stalinienne.
La symphonie
contient le célèbre motif DSCH (Ré–Mi♭–Do–Si), signature musicale du
compositeur. Ce motif apparaît surtout dans le 3ᵉ mouvement, suggérant une affirmation de
l’identité de Chostakovitch face au pouvoir. La présence du motif Elmira
(Mi–La–Mi–Ré–La), associé à la corniste Elmira Nazirova, introduit une
dimension personnelle et lyrique inhabituelle.
Son
architecture est expressive et contrastée. I. Moderato : mouvement long et
sombre, d’une grande densité psychologique. Atmosphère oppressante, souvent
interprétée comme un portrait de la peur et de la surveillance. II. Allegro :
mouvement bref, violent et sarcastique, souvent considéré comme une caricature
musicale de Staline (brutalité rythmique, énergie implacable). III. Allegretto :
mouvement ambigu et introspectif. Dialogue entre le motif DSCH et le thème
d’Elmira, créant une tension entre identité personnelle et forces extérieures. IV.
Andante – Allegro : il débute dans une atmosphère sombre avant une
conclusion énergique. Le triomphe final est ambigu : ironique pour certains,
véritablement libérateur pour d’autres.
Son orchestration
est très expressive. Usage marquant des bois graves, des cuivres incisifs et
des percussions sèches ; cor solo jouant un rôle symbolique essentiel
(Elmira). Les contrastes dynamiques extrêmes renforcent la dramaturgie. La
symphonie oscille constamment entre tragédie, ironie et affirmation. Elle peut
être comprise à plusieurs niveaux : œuvre abstraite, confession personnelle, ou
commentaire politique dissimulé. Elle se distingue par son contexte
post-stalinien, son langage autobiographique codé, sa violence expressive, et
son final volontairement ambigu.
Symphonie n° 10 en mi mineur
op. 93 de Dimitri Chostakovitch
Le 15 décembre 1934, il y a 91
ans aujourd’hui, naissait à Bourgas, la soprano bulgare Raina Kabaivanska.
Raina Kabaivanska est considérée comme l’une des
grandes sopranos lyrique-spinto de sa génération, avec une voix capable
d’allier puissance, finesse et expressivité, particulièrement adaptée au
répertoire de Verdi et Puccini. Sa technique vocale est largement saluée :
elle maîtrise très bien le legato, le phrasé et le souffle, ce qui lui permet
d’exprimer toute la profondeur des personnages qu’elle incarne. Elle
savait transmettre des émotions très riches et nuancées, rendant chaque rôle
vivant et poignant (par exemple dans Tosca ou Madama Butterfly). Au-delà
de la voix, elle était reconnue pour sa présence scénique et sa capacité à incarner
pleinement ses personnages, avec un jeu dramatique convaincant.
Elle a
chanté plus de cent œuvres, de Verdi et Puccini à Wagner, Britten ou
Shostakovich, et a interprété plus de 400 représentations de rôles comme
Tosca ou Cio-Cio-San. Sa carrière l’a menée à La Scala, au Metropolitan
Opera à New York, au Covent Garden de Londres, au festival de Salzbourg, au
Teatro Colón de Buenos Aires, etc. Elle a travaillé avec des chefs
(Herbert von Karajan, Leonard Bernstein, Claudio Abbado) et des partenaires de
légende (Pavarotti, Domingo, Corelli).
Après sa
carrière de scène, elle s’est consacrée à l’enseignement : professeure à
l’Accademia Chigiana de Sienne, animatrice de masterclasses internationales et
mentor inspirante pour de jeunes chanteurs. Ses élèves soulignent sa
capacité à transmettre non seulement la technique mais aussi le courage,
l’enthousiasme et une vision artistique profonde. Elle est décrite comme
intelligente, généreuse, pleine d’autodérision et toujours optimiste — des
qualités rares chez une artiste de cette envergure.
Raina
Kabaivanska est admirée pour la beauté et l’expressivité de sa voix, sa technique
vocale impeccable, sa présence dramatique intense, ainsi que pour son engagement
pédagogique et humain après sa carrière de chanteuse.
Tosca by Giacomo Puccini
Floria Tosca - Raina
Kabaivanska
Mario Cavaradossi - Plácido
Domingo
Il barone Scarpia - Sherrill
Milnes
Il Sagristano - Alfredo
Mariotti
Cesare Angelotti - Giancarlo
Luccardi
Spoletta - Mario Ferrara
Sciarrone - Bruno Grella
Un pastore - Plácido Domingo
jnr.
Un carceriere - Domenico Medici
Chorus - Ambrosian Singers
New Philharmonia Orchestra
Conductor Bruno Bartoletti
1976
Puccini, Madama Butterfly, Act I: Cio-Cio-San & Pinkerton Love Duet