Le 19 décembre 1881, il y a 144 ans aujourd’hui, était créé à Bruxelles, l’opéra de Jules Massenet, « Hérodiade ».
Bien que l’opéra s’inspire du récit biblique de Salomé et de Jean-Baptiste, Massenet s’éloigne volontairement de la dimension religieuse. Jean (Jean-Baptiste) devient avant tout un héros lyrique et amoureux, plus qu’un prophète. L’intrigue met l’accent sur les passions humaines (amour, jalousie, orgueil, culpabilité) plutôt que sur le sacré. Contrairement à la Salomé de Richard Strauss, la violence et le mysticisme sont ici atténués au profit de l’émotion et du chant. Hérodiade est le véritable pivot dramatique de l’opéra, bien plus que Salomé. C’est un grand rôle de mezzo-soprano dramatique, marqué par l’orgueil, la cruauté et une noirceur psychologique rare chez Massenet. La relation mère-fille (ignorée par Salomé) apporte une tension tragique profondément intime. Contrairement à l’image sulfureuse habituelle, la Salomé de Massenet est pure, tendre et amoureuse. Elle est traitée comme une héroïne romantique, presque naïve, ce qui est une véritable singularité du livret. Son écriture vocale privilégie la cantabile, la ligne et la sensualité mélodique.
Hérodiade mêle les codes du grand opéra français (chœurs, scènes spectaculaires, décors exotiques) à la sensibilité mélodique très personnelle de Massenet. L’orchestre est raffiné, coloré, mais toujours au service de la voix. Les airs (« Il est doux, il est bon », « Vision fugitive ») illustrent l’importance de la mélodie expressive plutôt que de la virtuosité gratuite.
Créée en 1881, Hérodiade marque un tournant vers les drames psychologiques qui feront le succès ultérieur de Massenet (Manon, Werther). Elle annonce son art de la peinture musicale des émotions intérieures.
Massenet - Hérodiade - Montserrat Caballé, Carreras, Vejzovic, Pons ; Delacôte
4.1.1984 Liceu
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