Le 27 juillet 1915, il y a 110 ans aujourd’hui, naissait à Florence le ténor italien, Mario Del Monaco.
Giuseppe Verdi "Otello"
Otello: Mario Del Monaco
Desdemona: Renata Tebaldi
Iago: Leonard Warren
Cassio: Giuseppe Zampieri
Lodovico: Giorgio Tozzi
Emilia: Anna Maria Canali
Chorus and Orchestra of the Teatro alla Scala Milan
.Antonino Votto, conductor
7th January 1954,
Otello est une adaptation magistrale de la tragédie de Shakespeare, réalisée par le librettiste Arrigo Boito. Contrairement aux opéras italiens traditionnels, il n’y a pas d’ouverture : l’œuvre commence directement par une tempête dramatique – un choix radical à l’époque. Verdi renonce aux airs traditionnels (cavatines, cabalettes) au profit d’une continuité dramatique, proche de ce que Wagner faisait en Allemagne. Chaque acte est un bloc de tension dramatique, sans temps mort.
Otello montre un Verdi transformé, après une pause de 16 ans depuis Aida (1871), influencé par les tendances modernes de son temps. Il y développe une écriture orchestrale plus riche, plus colorée, avec une attention accrue aux détails instrumentaux. L’orchestration devient un véritable partenaire dramatique, et non plus un simple soutien vocal. Les motifs récurrents (comme ceux de la jalousie, du baiser, de l’honneur) créent une cohérence thématique, à la manière des leitmotivs wagnériens, sans jamais copier Wagner. Le rôle d’Otello est l’un des plus exigeants du répertoire de ténor : héroïque, tourmenté, vocalement surhumain. Iago, le baryton, est une incarnation du mal subtil, manipulateur, dont l’air « Credo in un Dio crudel » est l’un des moments les plus glaçants de l’opéra italien. Desdemona, figure de pureté et d’innocence, atteint un sommet d’émotion dans la fameuse scène du saule (« Piangea cantando »).
Verdi avait plus de 70 ans à la création d’Otello, mais son écriture est d’une audace extraordinaire, à mille lieues du style bel canto de ses débuts. Avec Otello (et plus tard Falstaff, 1893), Verdi démontre qu’un compositeur italien peut réconcilier théâtre et musique à un haut degré d’intensité dramatique. Il donne une réponse italienne à Wagner, sans imitation, en restant fidèle à la clarté et à la souplesse du chant italien.
Otello est un pont entre le romantisme et le vérisme (Puccini, Mascagni…), par sa psychologie intense et son expression dramatique. Il influence les générations suivantes par son traitement du drame, sa narration fluide, et sa maîtrise de l’orchestre comme acteur dramatique.
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