Le 5 octobre 1762, il y a 263 ans aujourd’hui, était créé à Vienne l’opéra de Christoph Willibald Gluck, « Orphée et Eurydice ».
Orphée et Eurydice de Christoph Willibald Gluck (créé à Vienne en 1762, puis remanié à Paris en 1774) est une œuvre charnière dans l’histoire de l’opéra. Elle marque une véritable réforme du genre lyrique, et ses qualités sont multiples, tant musicales que dramatiques. Gluck voulait rompre avec les excès de l’opéra baroque (airs virtuoses, intrigue secondaire, longues répétitions). Dans Orphée et Eurydice, tout sert l’expression des sentiments et la cohérence dramatique. L’action est concentrée sur un seul conflit humain et universel : l’amour et la perte.Les émotions d’Orphée (douleur, espoir, désespoir) sont rendues avec une sincérité simple et directe.
Gluck renonce à la virtuosité gratuite pour privilégier la mélodie expressive et le lien entre musique et texte. Les airs, comme le célèbre « J’ai perdu mon Eurydice » (ou « Che farò senza Euridice »), sont d’une grande sobriété mais d’une puissance émotionnelle exceptionnelle. Le récitatif accompagné (avec orchestre, non plus seulement clavecin) permet une continuité dramatique fluide. Gluck donne aux chœurs un rôle dramatique central : ils commentent, participent, et renforcent l’action (par exemple, les Furies ou les esprits bienheureux). L’orchestre devient acteur du drame : il traduit les émotions et les atmosphères (par exemple, les cordes frémissantes des Enfers, ou la sérénité pastorale des Champs Élysées). L’opéra atteint une unité parfaite entre la musique, le texte et la mise en scène — le but même de la réforme gluckiste. Gluck écrit dans sa préface : « Je me suis efforcé de restreindre la musique à son véritable office, celui de seconder la poésie dans l’expression des sentiments. »
Le mythe d’Orphée, intemporel, trouve ici une forme humaine, touchante et universelle. La simplicité expressive de Gluck a profondément influencé Mozart, Berlioz, Wagner et d’autres réformateurs de la scène lyrique.
Christoph Willibald Gluck, ORFEO ED EURIDICE
Orfeo: Jochen Kowalski
Euridice: Gillian Webster
Amor: Jeremy Budd
Royal Opera House
conductor: Hartmut Haenchen
directed by: Harry Kupfer
1991
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