Le 24 novembre 1848, il y a 177 ans aujourd’hui, naissait
à Wurtzburg, la soprano allemande, Lili Lehmann.
Lilli
Lehmann (1848–1929),
grande soprano allemande, est considérée comme l’une des figures majeures de
l’histoire du chant en raison de sa maîtrise parfaite du souffle et du legato,
de son émission régulière et homogène sur toute la tessiture, de sa capacité
rare à chanter aussi bien le répertoire colorature que les rôles dramatiques —
un cas presque unique. Elle chantait un nombre impressionnant de rôles (plus de
170), allant de Mozart à Wagner. Elle était notamment célèbre pour son
interprétation d’Isolde, de Brünnhilde et de Donna Anna. Elle possédait une lecture
musicale remarquable, une forte sensibilité stylistique : elle savait adapter
sa voix et son interprétation au style de chaque compositeur, une instinctive
compréhension dramatique des personnages. Son charisme naturel se doublait d’un
jeu expressif sans excès, mais d’une intensité dramatique notable,
particulièrement dans Wagner.
Elle
fut une enseignante influente et respectée. Son ouvrage « Meine Gesangskunst »
(L’art du chant) reste une référence dans la pédagogie vocale. Elle insistait
sur la compréhension anatomique du mécanisme vocal, ce qui était novateur à son
époque. Co-fondatrice du Festival de Salzbourg, elle fut une figure influente
de la vie musicale européenne jusqu’à un âge avancé.
Lilli Lehmann sings Isolde
"Mild und leise wie er lächelt" – Liebestod
Recorded
2 July 1907, Berlin
Lilli Lehmann
sings "Sempre libera" from "La traviata" on
Columbia-Fonotipia 50354
Le 20 novembre 1889, il y a 136
ans aujourd’hui, était créée à Budapest, la Symphonie n°1 « Titan »,
de Gustav Mahler.
La Symphonie
n°1 en ré majeurde Gustav Mahler occupe une place charnière dans
l’histoire de la symphonie. Composée entre 1884 et 1888, cette symphonie
appartient encore au monde post-wagnérien et brahmsien, mais elle ouvre déjà la
voie au langage symphonique du XXᵉ siècle. Mahler y introduit une vision
narrative, expressive et subjective qui dépasse largement la forme héritée de
Beethoven ou Brahms. Elle annonce ses œuvres ultérieures, beaucoup plus
monumentales. Il fait entrer dans la symphonie des marches parodiques, dont la
célèbre marche funèbre du troisième mouvement, inspirée de “Frère Jacques” en
mode mineur ; des épisodes populaires, klezmer, ou grotesques, rarement
présents dans la symphonie auparavant ; une palette orchestrale élargie, jouant
sur des effets de timbre innovants. Cette fusion du sublime et du trivial était
révolutionnaire et a profondément influencé les symphonistes de la génération
suivante (Schoenberg, Berg, Webern, mais aussi Sibelius et Shostakovich). Mahler
déclarait qu’une symphonie devait « embrasser le monde ». Dans la
Première, on voit déjà des contrastes extrêmes (du murmure pastoral aux
explosions tragiques) ; un sens de l’architecture cyclique (rappels
thématiques, unité organique) ; une dramaturgie quasi opératique. La symphonie
devient ainsi non seulement une forme musicale, mais une expérience
existentielle, un récit. Initialement sous-titrée Titan (puis retiré),
elle marque pour Mahler la première tentative d’exprimer son univers personnel.
Ce lien autobiographique, émotionnel, parfois métaphysique avec l’œuvre
symphonique deviendra l’une de ses signatures et influencera des compositeurs
comme Richard Strauss ou plus tard Alban Berg.
La symphonie
fut mal accueillie à sa création (jugée bizarre, chaotique, trop bigarrée),
mais elle est ensuite devenue l’une des plus jouées du répertoire. Dans
l’histoire de la symphonie, on la considère comme une porte d’entrée vers la
grande période symphonique fin-de-siècle, le point de départ du cycle
monumental des neuf symphonies de Mahler, un modèle d’expansion expressive qui
altère profondément la tradition classique. Elle est un jalon historique parce
qu’elle transforme le concept même de symphonie, la rendant plus narrative,
plus psychologique, plus colorée — une œuvre-monde. Elle marque le début d’une
nouvelle ère où la symphonie cesse d’être surtout forme et devient surtout vision.
Gustav Mahler - Symphony No. 1 in D major
"Titan"
00:27 I. Langsam. Schleppend. Wie ein Naturlaut. Im Anfang
sehr gemächlich 16:04 II. Kräftig bewegt, doch nicht zu schnell - Trio. Recht
gemächlich 24:59 III. Feierlich und gemessen, ohne zu schleppen 35:15 IV. Stürmisch bewegt
Vienna Philharmonic Orchestra
Conductor, Leonard Bernstein
Recording:
Vienna, Konzerthaus, October 1974
Gustav Mahler (1860-1911): Sinfonía nº 1, en re mayor
(0:06) I. Langsam, schleppend (16:55) II. Scherzo. Kräftig bewegt, doch nicht zu schnell (25:32) III. Trauermarsch: Feierlich und gemessen, ohne zu
schleppen (37:00) IV. Stürmisch bewegt
Orquesta Sinfónica de Galicia
Lorin Maazel, director
Grabación
realizada el 17 de mayo de 2012 en el Palacio de la Ópera de A Coruña -
Festival Mozart Coruña 2012.
Symphony No. 1 in D Major, "Titan" - Gustav
Mahler
00:00 Opening applause 00:25 I. Langsam. Schleppend. Wie ein Naturlaut 16:23 lI. Kräftig bewegt, doch nicht zu schnell 23:34 III. Feierlich und gemessen, ohne zu schleppen 33:55 IV. Stürmisch bewegt 53:51 Standing ovation
Berliner Philharmoniker
Conductor: Claudio Abbado
Recorded
at the Berlin Philharmonie, 16 December 1989 (Live)
Le 19 novembre 1828, il y a 197
ans aujourd’hui, décédait à Vienne, le compositeur autrichien, Franz Schubert, à l'âge de 31 ans.
Franz Schubert avait un don rare pour créer des
mélodies naturelles, expressives et mémorables. Beaucoup de ses thèmes semblent
couler sans effort — c’est l’une de ses signatures.Sa musique explore souvent l’intimité, la nostalgie,
la mélancolie et la douceur. Il savait traduire des émotions complexes avec une
sincérité unique, notamment dans ses lieder.Il a composé plus de 600 lieder, 9 symphonies (dont
certaines inachevées mais majeures), de la musique de chambre, des œuvres pour
piano, des messes… tout cela en seulement 31 ans de vie.Dans ses lieder, il comprenait profondément le texte
poétique et savait le magnifier. Son sens dramatique et narratif est
particulièrement puissant.Schubert
utilisait l’harmonie pour créer des atmosphères et des couleurs très
particulières. Son usage de modulations subtiles, parfois audacieuses,
influencera Beethoven tardif, Brahms, Mahler et bien d’autres.Il savait faire évoluer les formes classiques (comme
la sonate ou le quatuor) en y introduisant une dimension plus poétique et
lyrique.Sur le plan personnel, Schubert
était décrit comme modeste, réservé, mais fidèle en amitié. Il appartenait à un
cercle d’amis (les “Schubertiades”) qui jouaient un rôle essentiel dans sa vie
sociale.
Franz Schubert, Der Tod und das Mädchen, D. 531
Jessye Norman, soprano
Phillip Moll, piano
1985
Franz Schubert : Quartet n°14 in d minor D810 "Der
Tod und das Mädchen"
00:00 Allegro 12:07 Andante con moto 26:05 Scherzo – Allegro molto - Trio 31:02 Presto
Q U A T U O R A K
O S
Alexis Gomez, violin
Aya Murakami, violin T
héo Delianne, viola
Cyrielle Golin, cello
Live
on August 28, 2019 / Musique à Flaine
Schubert: Pianotrio in Bes-groot, D 898
Janine Jansen [viool]
Torleif Thedéen [cello]
Itamar Golan [piano]
Recorded
during Janine Jansen's International Chamber Music Festival Utrecht 2011.
Le 18 novembre 1899, il y a 126
ans aujourd’hui, naissait à Budapest, le chef d’orchestre hongrois, Eugène
Ormandy.
Eugène Ormandy (1899–1985), chef légendaire de l’Orchestre de
Philadelphie - un son orchestral unique : le « Philadelphia Sound » -,
a marqué l’histoire de la direction d’orchestre : Sous sa direction, le
Philadelphia Orchestra est devenu célèbre pour son timbre chaleureux,
somptueux, très homogène, notamment dans les cordes. Il recherchait une sonorité veloutée, riche en legato, avec une grande précision
dans les attaques et l’équilibre des pupitres. Il n’était pas un chef
flamboyant, mais sa technique était extrêmement précise, économe
en gestes, conçue pour faciliter la vie des musiciens.Sa battue sûre contribuait à une
interprétation fluide et sans heurt. Il avait un sens exceptionnel du
répertoire romantique et post-romantique. Il excellait dans Tchaïkovski, Rachmaninov,
Richard Strauss Sibelius, Prokofiev. On louait sa capacité à mettre
en valeur la couleur orchestrale et les grandes lignes musicales de ce
répertoire. Il était un accompagnateur remarquable, réputé pour sa souplesse lorsqu’il accompagnait des solistes, que ce soit dans
des concertos ou des enregistrements. Sa capacité à s’ajuster au
phrasé et au tempo des solistes était très appréciée.
Avec plus de
1000 enregistrements, il laisse l’un des catalogues les
plus vastes de l’histoire. On y trouve des versions devenues des références,
souvent caractérisées par une propreté d’ensemble, une beauté sonore constante,un mélange de tradition et de modernité.
Il était un leadership stable et
bienveillant. Il a dirigé le Philadelphia Orchestra pendant 44 ans — un record
— grâce à un style de leadership fondé sur le respect
mutuel,la constance,
une absence d’autoritarisme excessif. Il était apprécié pour son
professionnalisme calme et son sens du collectif.
Eugène Ormandy conducting the Philadelphia Orchestra performing
Mussorgsky's Pictures at an Exhibition
Le 17 novembre 1888, il y a 137
ans aujourd’hui, était créé à Saint-Pétersbourg, la Symphonie n°5 de Piotr
Ilitch Tchaïkovski.
La Symphonie
n°5 en mi mineur, op. 64 de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1888) est aujourd’hui
l’une de ses œuvres les plus jouées. Toute la symphonie est unifiée par un
motif sombre, souvent appelé “leitmotiv du destin”. Ses spécificités
sont sa cohérence structurelle (le même motif réapparaît dans les 4 mouvements),
sa transformation expressive (Tchaïkovski passe de la résignation à la lutte,
puis au triomphe final en mode majeur), sa narrativité très forte (Tchaïkovski
crée une dramaturgie quasi opératique).
La 5e
symphonie ose l’hyperexpressivité romantique : mélodies vastes et lyriques,
typiques du compositeur ; contrastes émotionnels saisissants, élégie,
passion, tension, héroïsme ; musique qui “raconte” une lutte intérieure,
souvent interprétée comme autobiographique. Les qualités orchestrales sont puissantes :
écriture brillante pour les cuivres (notamment le cor dans le 2e mouvement) ;
cordes chaudes et amples, portées par de longues phrases mélodiques ; usage
très coloré des bois, donnant relief et variété ; final très grandiose,
presque théâtral, qui exploite la puissance de l’orchestre.
Tchaïkovski
respecte la forme symphonique traditionnelle (forme sonate, scherzo, final),
mais il y injecte un lyrisme très personnel, presque musicalement “vocal” ;
il privilégie la continuité émotionnelle plutôt que la rigueur formelle
allemande ; il développe une architecture cyclique, plus rare dans ses
œuvres symphoniques précédentes. Le deuxième
mouvement est parmi les plus beaux du répertoire. Le célèbre solo de cor introduit un
mouvement noble, ample, profondément lyrique, traversé d’épisodes dramatiques
d’une grande tension. Beaucoup de chefs considèrent cet Adagio comme un sommet
du romantisme orchestral. La symphonie parcourt un arc psychologique : fatalisme
sombre (1er mouvement), esprit de consolation et d’amour (2e), élégance et
mystère (valse du 3e mouvement), affirmation triomphale (final). Cette
trajectoire narrative contribue à la popularité durable de l’œuvre.
Piotr Tchaikovsky - Symphony No. 5 in E Minor Op. 64
00:00 I
Andante: Allegro con anima 15:04 II
Andante cantabile, con alcuna licenza 27:31 III
Valse: Allegro moderato 33:24 IV
Finale: Andante maestoso - Allegro vivace
West-Eastern Divan Orchestra
Daniel Barenboim – conductor
Piotr Tchaikovsky - Symphony No. 5 in E Minor Op. 64
Le 14 novembre 1918, il y a 107
ans aujourd’hui, naissait à Centralia (Illinois), la contralto américaine, Jean
Madeira.
Jean Madeira (1918–1972) était une contralto américaine renommée, surtout
active dans les années 1940–1960. Elle possédait
un timbre très riche, profond et dramatique, typique du vrai contralto — une
tessiture rare. Sa projection était remarquable, même dans les grands espaces
comme le Metropolitan Opera. Elle était admirée pour sa capacité à donner une
couleur émotionnelle forte à chaque phrase. Sa voix avait une dimension presque
tellurique, permettant une incarnation très crédible des rôles sombres,
prophétiques ou maternels.
Jean Madeira
était connue pour son charisme naturel sur scène : posture imposante, autorité
dramatique. Elle excellait dans des rôles où la puissance psychologique était
essentielle (ex. Ulrica, Erda). Son style vocal était maîtrisé par très bonne
technique de souffle, des lignes vocales longues, homogénéité sur toute la
tessiture, une capacité à maintenir un legato noble et une diction claire.
Elle est
particulièrement associée à Wagner, notamment aux rôles d’Erda
dans L’Or du Rhin et Siegfried. Son timbre grave et mystérieux
correspondait parfaitement à ces figures mythologiques. Son répertoire allant
de Wagner à Verdi, de Mahler à des rôles plus contemporains. Elle chantait
aussi bien l’opéra que l’oratorio et le lied.
Carmen by Georges Bizet
Carmen - Jean Madeira
Don José - Nicola Filacuridi
Micaëla - Janette Vivalda
Escamillo - Michel Roux
Frasquita - Vivette Barthelemy
Mercédès - Irène Sicot
Le Dancaïre - Jean-Christophe
Benoit
Le Remendado - Michel Hamel
Moralès - Daniel Marty
Zuninga - Robert Geay
Chœurs du Conservatoire de Paris
Orchestre de l'Association des
Concerts Pasdeloup
Pierre Dervaux, conductor
1956(STU)
Jean Madeira (Erda) sings "Weiche, Wotan, weiche" from Das Rheingold by Richard
Wagner