Le 17 décembre 1953, il y a 72 ans aujourd’hui, était créée à Leningrad, la Symphonie n°10 de Dmitri Chostakovitch.
La Symphonie n°10 en mi mineur, op. 93 de Dmitri Chostakovitch (1953) est l’une de ses œuvres les plus importantes et les plus chargées de sens, à la fois musicalement et historiquement. Composée juste après la mort de Staline (mars 1953), elle marque le retour de Chostakovitch à la symphonie après huit ans de silence symphonique, dus en grande partie aux persécutions politiques. L’œuvre est souvent interprétée comme une libération artistique et une réponse voilée à l’oppression stalinienne.
La symphonie contient le célèbre motif DSCH (Ré–Mi♭–Do–Si), signature musicale du compositeur. Ce motif apparaît surtout dans le 3ᵉ mouvement, suggérant une affirmation de l’identité de Chostakovitch face au pouvoir. La présence du motif Elmira (Mi–La–Mi–Ré–La), associé à la corniste Elmira Nazirova, introduit une dimension personnelle et lyrique inhabituelle.
Son architecture est expressive et contrastée. I. Moderato : mouvement long et sombre, d’une grande densité psychologique. Atmosphère oppressante, souvent interprétée comme un portrait de la peur et de la surveillance. II. Allegro : mouvement bref, violent et sarcastique, souvent considéré comme une caricature musicale de Staline (brutalité rythmique, énergie implacable). III. Allegretto : mouvement ambigu et introspectif. Dialogue entre le motif DSCH et le thème d’Elmira, créant une tension entre identité personnelle et forces extérieures. IV. Andante – Allegro : il débute dans une atmosphère sombre avant une conclusion énergique. Le triomphe final est ambigu : ironique pour certains, véritablement libérateur pour d’autres.
Son orchestration est très expressive. Usage marquant des bois graves, des cuivres incisifs et des percussions sèches ; cor solo jouant un rôle symbolique essentiel (Elmira). Les contrastes dynamiques extrêmes renforcent la dramaturgie. La symphonie oscille constamment entre tragédie, ironie et affirmation. Elle peut être comprise à plusieurs niveaux : œuvre abstraite, confession personnelle, ou commentaire politique dissimulé. Elle se distingue par son contexte post-stalinien, son langage autobiographique codé, sa violence expressive, et son final volontairement ambigu.
Symphonie n° 10 en mi mineur op. 93 de Dimitri Chostakovitch
00:00:00 I. Moderato 00:23:09 II. Allegro 00:27:21 III. Allegretto 00:39:54 IV. Andante – Allegro
Orchestre symphonique de la WDR
Semyon Bychkov, conductor
Avril 2005, Cologne.
Dmitri Shostakovich Symphony No 10 in E minor, Op 93
1 Moderato 2 Allegro 3 Allegretto 4 Andante - Allegro National
Youth Orchestra of the United States of America
Valery Gergiev, conductor
Live recording. London, Proms 2013
En savoir plus…
https://fr.wikipedia.org/wiki/Symphonie_no_10_de_Chostakovitch

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