Le 31 octobre 1866, il y a 159
ans aujourd’hui, était créé à Paris, l’opéra bouffe de Jacques Offenbach « La Vie parisienne ».
La Vie parisienne de Jacques
Offenbach (créée en 1866 au Théâtre du Palais-Royal à Paris) est célèbre
pour plusieurs raisons, à la fois musicales, théâtrales et culturelles. Voici
les principales : Offenbach est le maître de l’opéra-bouffe, et La Vie
parisienne en est l’un des meilleurs exemples. Sa musique est vive,
entraînante, pleine de verve, riche en airs célèbres
(comme le Couplet des bottes de sept lieues ou le Chœur des voyageurs),
et surtout, elle illustre à merveille l’esprit léger et
moqueur du Paris du Second Empire.L’œuvre caricature la bourgeoisie et les
provinciaux fascinés par Paris : Les personnages veulent
« goûter à la vie parisienne » avec ses plaisirs, ses soirées, ses excès. Offenbach
et ses librettistes Henri Meilhac et Ludovic
Halévy se moquent gentiment de la frivolité, du snobisme
et du culte du luxe qui régnaient alors.
C’est aussi
un témoignage du mythe de Paris capitale du plaisir et de la
mode, né à cette époque. La pièce a contribué à forger l’image d’un
Paris brillant, festif, cosmopolite, où tout semble possible — entre bals,
cafés-concerts et intrigues amoureuses.
Depuis sa
création, La Vie parisienne a connu des centaines de
reprises dans le monde entier, a influencé de nombreux compositeurs
d’opérette (Lecocq, Strauss fils, Sullivan…), et reste un classique
du répertoire comique français.La Vie parisienne résume à elle
seule l’esprit d’Offenbach, un mélange irrésistible de
satire sociale, de rythme endiablé, d’humour et d’élégance musicale — une
célébration joyeuse de Paris et de ses travers.
Le 30 octobre 1857, il y a 68 ans
aujourd’hui, était créée à Moscou, la Symphonie n°11, dite « L’année 1905 »,
de Dmitri Chostakovitch.
La Symphonie n°11 en sol mineur, op. 103, “L’Année 1905” de
Dmitri Chostakovitch, composée en 1957,
est une œuvre à la fois musicale et historique très singulière dans son
catalogue. Le sous-titre « L’Année 1905 » fait référence à la révolution russe de 1905, et plus précisément à la répression sanglante de la manifestation du 9 janvier 1905 à
Saint-Pétersbourg, connue sous le nom de Dimanche rouge. Chostakovitch
y évoque la souffrance du peuple, la violence du
pouvoir tsariste, mais aussi l’espoir révolutionnaire.La symphonie se présente presque comme une bande sonore : Chostakovitch déploie une musique très visuelle, quasi narrative, décrivant les événements comme une
fresque sonorLes mouvements enchaînent tableaux évocateurs
: La place du Palais (Adagio) — atmosphère glaciale, oppressante,
attente. Le 9 janvier (Allegro) — explosion de violence, coups de feu,
panique. Mémoire éternelle (Adagio) — lamentation funèbre. L’Alerte
(Allegro non troppo) — résurgence de la révolte et du courage populaire. Particularité marquante : Chostakovitch cite et transforme de nombreux chants révolutionnaires et populaires russes, dont :« Écoutez ! » (Слушайте!) ; « Vous êtes
tombés, victimes » (Вы жертвою пали) ; « La Varsovienne »
(Варшавянка) ; « La Marseillaise des travailleurs »Ces citations donnent à la symphonie un caractère collectif et
politique, proche du chant de protestation.
Contrairement
à certaines œuvres plus expérimentales, la 11ᵉ reste largement tonale,
ce qui la rend accessible au grand public et conforme au réalisme
socialiste exigé à l’époque. Cependant, la violence
des dissonances, l’intensité orchestrale
et le jeu des textures (notamment les cordes en trémolos
glacés du début) témoignent d’une maîtrise dramatique exceptionnelle.
Officiellement,
l’œuvre célèbre la révolution de 1905 — donc conforme à la ligne soviétique. Mais
de nombreux auditeurs et musicologues y ont vu une allusion
voilée à la répression de 1956 en Hongrie, que Chostakovitch n’aurait pu
évoquer ouvertement. Ainsi, la symphonie peut se lire comme une double
dénonciation de la tyrannie, tsariste et soviétique.
Bois par
trois, 8 cors, 4 trompettes, 4 trombones, tuba, 2 harpes, célesta, percussions
massives (dont cloches et tambours militaires), l’orchestre devient un instrument dramatique total, allant du murmure glacé au tumulte
apocalyptique.
Dmitri Shostakovich Symphony No 11 in G minor, Op 103
1
Adagio (The Palace Square) 2 Allegro (The 9th of January) 3 Adagio (Eternal
Memory) 4 Allegro non troppo (Tocsin)
Le 29 octobre
1787, il y a 238 ans aujourd’hui, était créé à Prague, « Don Giovanni »,
opéra de Wolfgang Amadeus Mozart.
Don Giovanni (1787) est considéré comme l’un des plus grands opéras jamais
écrits — à la fois sur le plan musical, dramatique et psychologique. Don Giovanni est un dramma giocoso, un
mélange unique de tragédie et de comédie.Il combine le ton léger et
ironique de l’opéra buffa avec la gravité d’un drame moral. Le personnage de
Don Giovanni est à la fois séducteur, rebelle, comique et
monstrueux, ce qui en fait un héros complexe et moderne. Mozart et son
librettiste Lorenzo Da Ponte réussissent un équilibre
subtil entre humour, tension et fatalité.
Mozart adapte le style musical à chaque
personnage. Don Giovanni : musique brillante,
énergique, séductrice. Donna Anna : noble, dramatique. Donna Elvira :
tourmentée, expressive. Leporello : comique, vif. La musique épouse le rythme de l’action, et même les récitatifs sont pleins de
vie dramatique. Les airs et ensembles (comme le fameux Là
ci darem la mano ou le final de l’acte I) sont d’une maîtrise
inégalée. Tout l’opéra progresse vers le châtiment de Don Giovanni, dans
une construction dramatique tendue et cohérente. Le final surnaturel (la statue du Commandeur qui vient chercher le
héros en enfer) donne une dimension métaphysique et
morale puissante. Chaque personnage a une identité musicale et
émotionnelle propre, ce qui rend l’œuvre étonnamment humaine. Mozart peint toutes les nuances du désir, de la peur, du
remords et du défi. Le héros lui-même, Don Giovanni,
reste mystérieux et fascinant : ni simple libertin, ni démon, mais une force
vitale incontrôlable. Don Giovanni interroge des thèmes
universels : liberté, culpabilité, morale, punition, amour, mort. C’est une œuvre qui parle autant au cœur qu’à l’esprit, et
qui continue d’inspirer théâtre, cinéma et psychanalyse.
Je rappelle
que les cinq opéras révolutionnaires dans l’histoire de la musique, ceux qui
ont opéré un tournant créatif décisif dans l’histoire de la composition musicale,
sont : Orféo (Monteverdi), Don Giovanni (Mozart), Boris Godounov
(Moussorgski), Pelléas et Mélisande (Debussy), Wozzeck (Berg).
Le 28 octobre 1893, il y a 132
ans aujourd’hui, était créé à Saint-Pétersbourg la Symphonie n°6 dite « Pathétique »
de Piotr Ilitch Tchaïkovski.
La Symphonie n°6 en si mineur, op. 74, “Pathétique” (créée
en 1893) est l’une des œuvres les plus profondes, poignantes et personnelles du
compositeur. Elle est souvent vue comme le testament spirituel
de Tchaïkovski, composée peu avant sa mort. Elle exprime une grande
tension intérieure, oscillant entre espoir, passion, mélancolie et
désespoir. Le dernier mouvement (Adagio lamentoso),
inhabituellement lent pour conclure une symphonie, se termine dans un affaiblissement tragique, évoquant l’extinction ou la
résignation. Le troisième mouvement (Allegro molto vivace) — un scherzo-marchant
brillant — ressemble
à une conclusion triomphale… mais ce n’est qu’une fausse victoire avant la tragédie finale. Ce
contraste crée un parcours émotionnel inversé, du
désespoir initial à l’illusion du bonheur, puis à l’anéantissement.
Tchaïkovski exploite tout l’orchestre pour créer des couleurs sonores riches
et expressives : cordes : pour la passion et la profondeur
émotionnelle ; bois : pour la tendresse, la
nostalgie ; cuivres et percussions : pour la
puissance dramatique et les éclats tragiques. Les transitions de timbres sont
d’une grande subtilité, soutenant la narration
émotionnelle sans jamais être purement démonstratives. Le premier mouvement
contient un thème principal extrêmement expressif, presque une plainte humaine. Le
2e mouvement (valse à 5/4) dégage une étrangeté
envoûtante, une élégance un peu bancale qui traduit un déséquilibre
intérieur. Les motifs récurrents donnent à l’œuvre une unité organique malgré ses contrastes.
La symphonie
semble questionner la condition humaine, le destin et la mort. Elle touche par sa sincérité : on y sent la lutte d’un homme face à ses angoisses,
ses contradictions et sa sensibilité exacerbée.D’où son impact universel : elle parle directement à
l’âme, sans artifice.
Piotr Ilitch Tchaïkovski, Symphonie
n°6 “Pathétique »
A1
Adagio - Allegro Non Troppo A2 Allegro Con Grazia B1 Allegro Molto Vivace B2
Finale: Adagio Lamentoso
Russian Leningrad Philharmonic Orchestra
Evgeny Mravinsky, conductor
1961
Piotr Ilitch Tchaïkovski, Symphonie
n°6 “Pathétique »
Le 27 octobre 1938, il y a 87
ans, naissait à Berlin la soprano allemande, Edda Moser.
Edda Moser (née en 1938) est une soprano allemande réputée pour la puissance dramatique de sa voix, sa diction
exemplaire, et son intensité expressive. Elle possédait
une voix de soprano dramatique lyrique, capable de passer
d’une grande puissance à des nuances d’une grande délicatesse. Son timbre
riche, légèrement métallique, lui permettait de projeter la voix
avec une clarté et une force impressionnante, sans jamais perdre la
musicalité. Elle est
souvent citée comme modèle absolu de diction allemande dans le chant
lyrique. Chaque mot, chaque consonne est articulé avec
précision et naturel — ce qui rend ses interprétations de Mozart, Strauss ou
Weber particulièrement intelligibles et expressives.
Sur scène
comme au disque, elle incarnait ses rôles avec une énergie
dramatique saisissante. Son interprétation de la Reine de
la Nuit (dans Die Zauberflöte de Mozart), notamment celle
enregistrée pour la NASA et envoyée dans l’espace à bord de la sonde Voyager
(1977), est un exemple emblématique : virtuosité, précision et fureur maîtrisée.
Elle excellait dans Mozart, Strauss,
Beethoven et Weber, mais elle a
aussi chanté du verismo italien et de la musique
contemporaine. Elle a brillé tant à l’opéra qu’en récital, dans lieder
allemands, où son intelligence du texte se manifestait pleinement.
Fille du
musicologue Hans Joachim Moser, elle possédait une connaissance
approfondie de la musique et du style. Elle insistait sur la fidélité au texte et au compositeur, et refusait tout effet
gratuit.
Arie
Königin der Nachtfrom
the opera 'The Magic Flute' by Wolfgang Amadeus Mozart